Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Nouvelles formes de pouvoir entre Big Tech et Etats. Etude sur les attributs du pouvoir, de la puissance et de la souveraineté. Une approche technopolitique

Asma Mhalla

Résumé :, Les géants technologiques (Big Tech), redéfinissent la morphologie de nos constructions politiques collectives : l’Etat, la démocratie, la souveraineté. Pour saisir ces contours, la présente thèse se propose de qualifier les liens entre Big Tech et Etats afin d’identifier les nouvelles structures de pouvoir qu’ils dessinent. Les démocraties occidentales - Etats-Unis et Europe prioritairement - constituent le périmètre principal de notre étude. En outre, pour mener à bien ce travail autour de la question technologique, nous avons adopté une approche multidisciplinaire, à la croisée de la philosophie, la théorie politique, les relations internationales, le cyber et l’intelligence artificielle. Cette approche que nous désignons comme « technopolitique » s’inscrit dans la lignée de la tradition anglosaxonne des studies. Elle permet d’apporter une vision globale des enjeux politiques et géopolitiques sous-jacents à des technologies duales qui constituent le socle technique et civilisationnel du XXIème siècle. Ainsi, nous revenons sur la nature hybride des géants technologiques, à la fois entreprises privées mais acteurs géopolitiques et militaires, ce faisant nous détaillons la fusion croissante entre les sphères publiques et privées, les sphères civiles et militaires, les coopérations ambivalentes mais réelles entre les Big Tech et les Etats dans le champ du régalien (sécuritaire, militaire, informationnel). Nous soutenons qu’Etats et géants technologiques se positionnent sur un même continuum fonctionnel, les Big Tech américains participant activement à la fabrique de la puissance étasunienne. En retour, l’Etat américain représente l’un des principaux marchés des acteurs technologiques. Nous retrouvons par ailleurs les mêmes dynamiques de coopération en Europe mais avec une difficulté politique supplémentaire cristallisée autour de la question de la souveraineté technologique européenne dans un contexte de dépendance technologique et plus généralement d’arsenalisation des interdépendances. Nous insistons néanmoins sur une nuance de fond : puissance n’est pas pouvoir. Si les Big Tech américains redistribuent les clés de répartition du pouvoir, s’ils sont effectivement des instruments de projection de puissance américains, le pouvoir ultime (la loi, le monopole légitime de la violence) reste néanmoins aux mains des Etats comme entité politique pleine et entière. Partant des constats que nous posons, nous nous sommes attachés à proposer des pistes de réflexion autour d’une co-gouvernance élargie et solidaire des Big Tech et cela entre Etats-Unis et Europe. La nouvelle gouvernance ferait alors intervenir un troisième et dernier acteur : le citoyen et ses représentants. Une « sortie de crise » qui permettrait de repenser le concept et les contours de la souveraineté, de penser des contre-pouvoirs opérants à des pouvoirs technopolitiques totaux pour tenter d’éviter qu’ils ne deviennent totalisants voire totalitaires., Jury,
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  • M. Pierre-Antoine Chardel (Directeur de thèse), Institut Mines-Télécom Business School
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  • M. Didier Bigo, King’s College (Londres)
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  • M. James Peter Burgess, ENS
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  • M. Frédéric Gros, Sciences Po Paris
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  • M. Bernard Harcourt, EHESS
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  • Mme Isabelle Ryl, INRIA
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