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Bernard Müller

oreaneq.zhyyre@rurff.serf.ssehe@rellum.dranreb

Institution de rattachement principal : Associé

bernard.muller@ehess.fr

Bernard Müller a rejoint le LAP en septembre 2023 (il était jusque-là rattaché à l’IRIS). Il est associé de l’Institut für Ethnologie de Cologne (Allemagne) où il est membre du comité de rédaction du blog DCNTr - Decolonizing Collections – Networking Towards Relationality (https://boasblogs.org/dcntr) et du 2), et membre du comité de rédaction de la revue COMMUNICATIONS (https://www.revue-communications.fr ), revue pour laquelle il prépare actuellement un numéro intitulé « L'art comme méthode - Les nouvelles dramaturgies du réel en sciences humaines et sociales » (https://www.revue-communications.fr/wp-content/uploads/sites/61/2023/03/Appel_Communications_L-art-comme-methode.pdf, à paraitre fin 2024).

Il a publié plusieurs ouvrages, essais et articles. Il a également traduit de nombreux articles et ouvrages en SHS (il est membre de l’ATESS).

  • Depuis 2003, il co-anime le séminaire EHESS : «  Les objets et les choses en sciences sociales : « matérialités contemporaines, musées et patrimoines » , en alternance, avec Thierry Bonnot, chargé de recherche CNRS (enseignant référent) et. Christelle Patin, chercheure associée au centre Alexandre Koyré-EHESS. 2e et 4e mercredis du mois de 14 h à 16 h (Musée du quai Branly, rue de 1'Université 75007 Paris).
  • A partir du 7 novembre 2023 (mensuel), il anime avec Caterina Pasqualino un nouveau séminaire : « Le terrain comme mise en scène et en récit : l'enquête au cinéma, théâtre et performance (arts plastiques), EHESS, Paris, https://enseignements.ehess.fr/2023-2024/ue/833 1er mardi du mois de 11h à 13h, Bâtiment EHESS-Condorcet, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers, Salle gradinée.

 

Anthropologue de formation, il s’intéresse à diverses formes de constructions narratives populaires contemporaines : discours historiques, méta-récits, mythes, légendes urbaines, rumeur, fictions, utopie, dystopie... Son approche mêle enquête ethnographique, études narratives, études littéraires, études théâtrales, ethnoscénologie et performance studies. En montrant comment les sociétés racontent et se racontent, mettent en forme et performent des récits, il s’agit de mettre en lumière la manière dont des rapports sociaux se mettent en acte, dans un contexte marqué par la révolution numérique et par le « déferlement de nouvelles puissances économiques compétitives (qui) dérégule l'ancien système et produit un désordre culturel créatif et propice à la réorganisation sociale » (Friedman[1]).

Bernard Müller débute ses recherches en 1995 dans le cadre d’un DEA (dirigé par Jean Bazin et Marc Augé) à l’occasion d’un long terrain à Ibadan et Lagos (Nigeria) où il suit une compagnie de théâtre en montrant comment certains milieux culturels participent à la production d’un récit identitaire yorouba[2]. Cette recherche débouchera sur une thèse soutenue en 2000 (sous la direction de Jean Bazin). Entre 2004 et 2008, en collaboration avec Thierry Bonnot (CNRS), il enquête sur un "mystère", un spectacle qui remet annuellement en acte le récit du martyre (en 253) d’une jeune fille du pays, les dernières heures de Reine à Alise-Sainte-Reine (Bourgogne, Côte d'or). Entre 2010 et 2016, il mène à l’occasion d’une fouille archéologique expérimentale menée sur le site d’enfouissement d’une œuvre de l’artiste nouveau réaliste Daniel Spoerri, le « Déjeuner sous l’herbe » (1983), une enquête dans un « monde de l’art » (Becker), au début des années 1980[3] (en collaboration avec Jean-Paul Demoule, INRAP, 2010, 2016). Ses recherches le ramènent au Togo en 2018, pour y étudier une rumeur populaire coloniale[4]  persistante qui relatera une pratique militaire dissimulée, l'amputation des pouces de jeunes archers Konkomba, d'abord au moment de la conquête coloniale allemande, puis lors de plusieurs révoltes sous administration française. Depuis 2012, en associant enquête ethnographique et création théâtrale, son projet de recherche actuel principal interroge une dynamique de production narrative, celle qui raconte le périple des agoudas[5], qui permet d’étudier le développement en réalité ininterrompu d’un réseau transatlantique que l’on croyait éteint avec la fin de la traite négrière et le début de la colonisation. Ce récit met en résonnance une partie du sud du Togo (et d’autres régions d’Afrique de l’Ouest) et la région de Salvador de Bahia au Brésil, en suivant l'itinéraire de captifs issus de la région, déportés en Amérique puis revenus libres dans leur région d'origine. Outre ses activités de recherche, Bernard Müller conçoit des programmes scientifiques et culturels : cycles de conférences, expositions, installations multimédias, activités de médiation et/ou dramaturgies.

A la lumière du présent terrain ouest-africain, sa démarche souhaite rendre compte d'un « travail culturel » (Müller[6] ) qui prend aujourd'hui une signification nouvelle, dans un contexte économique et technologique inédit. Cette configuration indique un moment historique favorable à la production de nouveaux récits collectifs, à la fois ancré dans le local et le global, dont l'analyse montre qu'ils résultent de la recomposition d'anciennes couches narratives, suite à des « branchements » (Amselle[7]) inédits, au cours desquels les « cultures » s'interconnectent sur une trame narrative planétaire...

Les dynamiques narratives de ces processus transnationaux seront étudiées par le prisme du secteur culturel (arts plastiques, musique, tourisme et en particulier théâtre mais aussi la recherche universitaire ou non- académique) dont l'activité informe à la fois d'une continuité et d'une réinvention, non sans lien avec l'histoire de l'esclavage et la traite négrière dans ses répercussions actuelles. Ce projet permet ainsi d'aborder sous un angle original un travail de mémoire qui se poursuit aujourd'hui dans des régions qui ont fourni un contingent considérable d'esclaves au Brésil.

Du point de vue de la méthode, les recherches menées par Bernard Müller relèvent d'une approche « ethnodramaturgique » (Fabian[8]) au cours de laquelle la production d'une forme artistique (comme par exemple une intervention, une performance ou un spectacle) organise la construction de l'objet de la recherche anthropologique, généralement selon une logique participative, multi-située et para-ethnographique (Marcus[9]).

Outre ses activités de recherche, Bernard Müller conçoit des programmes scientifiques et culturels : cycles de conférences, expositions, installations multimédias, activités de médiation et/ou dramaturgies. Il a publié plusieurs ouvrages, essais et articles.

 

Quelques publications

2024                "Reading Jean Bazin with Wittgenstein: Playing Chess or Making Custard?", in: Wittgenstein and Performance: 'You'd be Surprised', Rowman & Littlefield, Lanham, Maryland, USA (sous presse)

2023                “The astonishing fate of Soliman al-Halabi (1777-1800) - Or the request for post-mortem naturalization of Kléber's assassin formulated by an exiled Syrian collective”, boasblogs : https://boasblogs.org/dcntr/the-astonishing-fate-of-soliman-al-halabi-1777-1800/#comments

2021                « The “mystery” of the konkomba’s severed thumbs, Historical fact, colonial rumour or legend of the defeated ? », ZFK – Zeitschrift für Kulturwissenschaften, Herbst/Autumn, Bielefeld, pp. 93-105.

2021               « Restitutions de basse intensité » (avec Brun Frédéric et Cadet Emmanuelle), Multitudes, n° 78, p. 169-173.

« L’affaire des « pouces coupés ». De la désuétude du musée moderne pour raconter le monde d’aujourd’hui », Multitudes, n° 78, p. 190-197.

2020                   « Attention au retour de l’élastique – La pédagogie radicale à l’épreuve du confinement », Le Blog Mediapart, 19 avril

2019                  « Panfleto. Último momento. Los orígenes patafísicos de la etnografía: al fin las pruebas ». Hyperborea. Revista de ensayo y creación 2 (2019): 167–180

2019                "Festin-piège pour utopies mortes – Le « Déjeuner sous l’herbe » à l’occasion du déterrement du tableau-piège (1983-2010)", Actes de la journée d’étude L’énigme en archéologie et en histoire de l’art, Université de Nanterre, Presse Universitaire de Paris Ouest, 2019, Paris, pp. 261-269

2018                « L’ouvroir d’anthropologie potentielle, ou le terrain ethnographique comme œuvre » in: Les mises en scène du divers. Rencontre des écritures ethnographiques et artistiques. Cahier ReMix, n° 09 (11), Montréal, Canada

2017                Le terrain comme mise en scène, ouvrage collectif édité par Bernard Müller, Caterina Pasqualino, Arnd Schneider avec : George E. Marcus, Johannes Fabian, Chiara Ambrosio, Ariane Monnier, Thierry Bonnot, Morad Montazami, Éric Chauvier, Kathrin Oester, Bernadette Brunner (contributeurs), Presses Universitaires de Lyon, Lyon                                                         

2016                « Du terrain ethnographique à la dramaturgie : une enquête sur les afro-brésiliens du Togo, aujourd’hui» (Bilingual edition, title of the Portuguese version: « Do Trabalho Etnográfico à Dramaturgia: uma pesquisa teatral sobre os afro-brasileiros do Togo, atualmente ») Revista Brasileira de Estudos da Presença, v. 6, N°1, Porto Alegre (Brazil), pp. 94-109.

2013                « Le terrain : un théâtre anthropologique », Revue Communications, Performance, le corps exposé, N°92, pp. 75-83

2006                La tradition mise en jeu – Une anthropologie du théâtre Yoruba, Editions : Aux lieux d’être, Paris, 170 p.

 

[1] Friedman, Jonathan 1994. Cultural Identity and Global Process. London: Sage Publications.

[2] Müller Bernard (2003), « Nos ancêtres les Yoruba. Splendeur et misère de la bourgeoisie yoruba du

Nigeria », Cahiers d'études africaines, XLIII (3), 171, pp. 483-503.

[3] Müller Bernard (2019), "Festin-piège pour utopies mortes – Le « Déjeuner sous l’herbe » à l’occasion du déterrement du tableau-piège (1983-2010)", Actes de la journée d’étude L’énigme en archéologie et en histoire de l’art, Université de Nanterre, Presse Universitaire de Paris Ouest, 2019, Paris, pp. 261-269.

[4] Müller Bernard (2021), « The “mystery” of the konkomba’s severed thumbs, Historical fact, colonial rumour or legend of the defeated ?”, ZFK – Zeitschrift für Kulturwissenschaften, Herbst/Autumn, Bielefeld

[5] Müller Bernard (2016), " Du terrain ethnographique à la dramaturgie : une enquête sur les afro-brésiliens du Togo, aujourd'hui" (Bilingual edition, title of the Portuguese version: " Do Trabalho Etnográfico à Dramaturgia: uma pesquisa teatral sobre os afro-brasileiros do Togo, atualmente ") Revista Brasileira de Estudos da Presença, v. 6, N°1, pp. 94-109, Jan./April, Porto Alegre, Brazil.

[6] Bernard Müller, La tradition mise en jeu, une anthropologie du théâtre yoruba, Aux lieux d'être, Montreuil, 2006

[7] Amselle, Jean-Loup (2001,) Branchements. Anthropologie de l'universalité des cultures, Paris, Flammarion

[8] Johannes Fabian, Theater and Anthropology, Theatricality and Culture Research in African Literatures - Volume 30, Number 4, Winter
1999, Pp. 24-31.

[9] Marcus, George (2000), Para-Sites: A Casebook against Cynical Reason, Chicago: University of Chicago Press.