Type d'événement, date(s) et adresse(s)Journée(s) d'étude

à l'EHESS (54 bd Raspail)
dans la salle AS1-24 - (attention places limitées)
et en visio

Faire société dans un contexte de crise migratoire : entre illusion et désillusion

Hommage à Abdelmalek Sayad

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Le phénomène de la migration suscite beaucoup de controverses au sein de la société française. En effet, dans un sondage de l’IFOP (2023), 62 % de Français considèrent que le pays compte beaucoup d’étrangers et qu’accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas souhaitable. A contrario, 60 % considèrent qu’il est du devoir de la France d’accueillir des étrangers qui fuient la guerre et/ou la misère. La loi Darmanin1est une autre illustration concrète de la divergence de vue des Français sur la question de l’immigration. Notons que selon l’INSEE (2024), le nombre d’immigrés en France s’élève à sept (7) millions, soit 10 % de la population totale. De nombreuses personnalités et professionnels qui observent l’évolution du phénomène de l’immigration en France considèrent ce phénomène comme l’une des causes à l’origine de la fracture de la société, de la montée des extrêmes et de l’adhésion d’un grand nombre de citoyens aux discours populistes ces dernières années en France2.Dans ce contexte d’incertitudes marqué par différentes crises et compte tenu des débats actuels sur l'Anthropocène, le Laboratoire d’Anthropologie Politique (LAP) de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) organise une journée d’études sur la question migratoire pour penser et comprendre l’immigration en temps de crise. Ainsi, plusieurs questions surgissent : Comment penser l’immigration en France en ce XXIesiècle ? Comment les citoyens français et françaises vivent ou perçoivent le phénomène de l’immigration sur leur territoire ? Peut-on échapper à notre devoir d’accueillir l’autre ? Sommes-nous certains que nous qui accueillons aujourd’hui ne serons pas l’accueilli demain ? La migration sera-t-elle le mode de vie du futur des citoyens de l’humanité ? Par ailleurs, cette journée sera l’occasion de rendre hommage à Abdelmalek Sayad3(1933-1998), décédé il y a 26 ans. Son compagnon de recherche Pierre Bourdieu le considérait comme un “écrivain public” (Bourdieu, 2006), par sa capacité à livrer une description minutieuse de l’exil, "elghorba”. Sans jamais s’ériger en porte-standard ou s’autoriser de la parole donnée, Sayad réussit à écouter, à valoriser, à donner une autre dimension et visibilité politique au fait migratoire. Sociologue et ethnologue né en Algérie, dans la région kabyle,immigré en France dans les années soixante, où il a vécu jusqu'à la fin de sa vie, Sayad a laissé des contributions majeures aux études 1Cette loi a été rejetée dans sa version initiale l’assemblée nationale. Puis voté dans sa version amandée propo-sée par le sénat et/ou par la commission paritaire. Pour enfin être censurée par la cour constitutionnelle avant sa promulgation par le Président de la République le 27 janvier 2024 2Ce point de vue est partagé par plusieurs personnalités parmi lesquels Patrick Stefanini, Jérôme Fourquet3A. Sayad a conduit de nombreuses recherches sur le thème de la migration.2migratoires, à partir de l’étude de l’immigration paysanne algérienne, dans un contexte français marqué par le racisme,la précarité, l’économie capitaliste et post-coloniale. La richesse théorique et méthodologique de la pensée de Sayad nous permet un dialogue interdisciplinaire entre des domaines tels que la géographie, la politique, le droit, l’anthropologie, l’histoire, les statistiques et l’économie. Cette rencontre propose donc de réfléchir sur la contemporanéité de Sayad, ce qui nous amène à mettre en lumière d'autres questions soulevées par les migrations d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Nous envisageons également de présenter la trajectoire de Sayad ainsi que ses enquêtes, méthodes, travaux, et concepts : comme la double absence, les illusions de l’immigration, absence, pensée d’État, retour, temporalité, exil et nostalgie. 

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